Depuis l'invasion menée par les États-Unis en 2001, l'Afghanistan n'a jamais connu une telle insécurité. Les talibans contrôlent désormais plus de territoires qu'à n'importe quel autre moment depuis la chute de leur régime il y a 17 ans. La guerre en Afghanistan est déjà la plus longue de l'histoire des États-Unis, et avec le temps, le conflit est devenu à la fois plus intense et plus complexe.
L'escalade de la violence
Les attaques en Afghanistan sont devenues plus importantes, plus fréquentes, plus répandues et plus meurtrières. Les talibans et le gouvernement afghan soutenu par les États-Unis et l'OTAN cherchent tous deux à prendre l'avantage. Les talibans ont réussi à s'emparer de plusieurs capitales provinciales, tandis que de nombreuses autres villes et centres de district restent sous la menace constante des talibans.
Les pertes humaines sont également en hausse, tant du côté des forces de sécurité afghanes que des civils. Selon les Nations Unies, plus de 10 000 civils ont été tués ou blessés en 2017, et ce chiffre devrait être encore plus élevé en 2018.
La stratégie de Trump : un échec ?
Depuis un an, l'administration Trump a adopté une nouvelle stratégie en Afghanistan, affirmant que les États-Unis "se battront pour gagner". Cette stratégie visait à exercer une pression maximale sur les talibans de plusieurs manières : en intensifiant les frappes aériennes et les raids des forces spéciales, en ciblant les sources de financement des talibans et en remettant en question la légitimité de leur guerre.
Cependant, malgré cette pression militaire intense, les talibans ont réussi à conserver leur territoire et leur capacité opérationnelle pour mener des attaques meurtrières à travers le pays. Les frappes aériennes ont également été critiquées pour avoir causé des pertes civiles. De plus, les talibans semblent ne pas être confrontés à une crise financière, leur richesse semblant même avoir augmenté.
Les défis pour les forces de sécurité afghanes
Les forces de sécurité afghanes sont confrontées à une violence talibane fréquente et étendue, ce qui les met souvent en difficulté. Le taux de pertes parmi les forces afghanes reste alarmant et semble augmenter. Des questions ont été soulevées concernant le manque de leadership solide et inspirant, la fourniture en temps voulu de la logistique et la corruption. Les querelles entre les dirigeants politiques et gouvernementaux à Kaboul ont également un impact négatif sur le bon fonctionnement du gouvernement et la situation sécuritaire.
Les élections et les pourparlers de paix
Des élections parlementaires sont prévues pour le 20 octobre 2018, mais la violence croissante suscite des inquiétudes quant à leur tenue dans les délais prévus. Il existe déjà des préoccupations concernant la fraude généralisée et la manipulation pré-électorale. Les élections présidentielles, prévues pour avril 2019, représenteront un défi encore plus important. Si elles ne sont pas gérées correctement, ces élections mettront à l'épreuve la force des institutions gouvernementales et poseront un grand défi pour la stabilité politique globale en Afghanistan.
Toutes les parties semblent maintenant convaincues que le conflit en Afghanistan ne peut être résolu par des moyens militaires uniquement. Un consensus se forme lentement en faveur de pourparlers de paix, avec toutes les parties affirmant vouloir parvenir à un règlement négocié. Cependant, des désaccords subsistent quant au format, aux parties et au cadre des négociations de paix. La coopération des acteurs régionaux est également un défi majeur. La paix en Afghanistan et dans la région ne pourra être réalisée que par le biais d'un mécanisme multilatéral impliquant les États-Unis et les principaux acteurs régionaux, notamment le Pakistan, la Russie, l'Iran, la Chine, l'Inde et l'Arabie saoudite. Cependant, c'est le dialogue entre les Afghans eux-mêmes qui déterminera finalement l'avenir politique de leur pays déchiré par la guerre.
Conclusion
La situation en Afghanistan reste préoccupante, avec une violence croissante, des pertes humaines élevées et des défis persistants pour les forces de sécurité afghanes. Malgré les efforts déployés par l'administration Trump, la stratégie actuelle n'a pas réussi à briser l'impasse et à mettre fin à la guerre. Les élections à venir et les pourparlers de paix offrent une lueur d'espoir, mais des compromis et une coopération régionale seront nécessaires pour parvenir à une solution durable. La paix en Afghanistan ne peut être atteinte que par le dialogue et la volonté des Afghans eux-mêmes de trouver un terrain d'entente.